Voici un album photo plus complet de ma mission si vous êtes curieux ;-)
Mon expérience avec l’UNEQ tire bientôt à sa fin et j’ai bien hâte de prendre une semaine sans travail pour vraiment voyager et profiter de l’expérience avec ma famille. Nous voulons aller faire quelques randonnées dans les montagnes ici et découvrir les alentours de la ville.
Je sors aussi de mon expérience de coopération avec un regard plutôt positif. Il y a certes eu quelques petites difficultés de santé, d’approvisionnement, des différence culturelles, mais j’ose espérer que le processus d’échange a été enrichissant pour toutes les parties, et ça l’a certainement été de mon côté.
Outre les paysages à couper le souffle, le travail sur l’apprentissage et le perfectionnement de la langue, ou encore, la confirmation que c’est correct d’avoir des pâtes, des patates et du riz dans la même assiette; je ressors de mon expérience inspiré par la résilience des gens, attendri d’avoir vu l’entraide et le partage, même en situation de précarité économique, et finalement mon côté anarchiste est satisfait de voir une organisation sociale et collective où une grande partie des règles sont soit absentes ou ignorées.
N’importe qui peut se partir une business sur un coin de rue sans avoir 100 entités qui essaient de t’encadrer et de te réglementer. C’est sûr qu’il y a plein de défis ici, d’inégalités et de pollution aussi, mais il y a aussi une légèreté et une liberté qui donnent le goût de continuer.
Solidairement
Frédéric
PS. Si vous êtes inspirés par mon expérience et auriez le goût de vivre vous-même une expérience de coopération et d’échange interculturel en tant que producteurs•trice agricoles, je vous invite fortement à contacter l’UPA DI.
J’ai arrêté la médication, le temps a fait son œuvre aussi, j’ai pris du mieux et j’ai maintenant un estomac de fer! Du côté de la famille aussi, la santé est restée assez bonne pour les enfants et ils se sont bien adaptés à faire l’école à la maison environ 2 heures par jour, des cours d’espagnol 2 heures par jour, et découvrir la ville avec leur mère.
La nourriture est tellement pas chère ici, que c’est fort agréable pour tout le monde d’aller souvent au restaurant et de ne pas se gêner pour manger des crèmes glacées, des jus d’orange frais pressés ou d’autres bouffes de rue agréables dans nos sorties.
Inspiré par l’agroécologie et par le principe d’utiliser les ressources locales, j’ai monté des propositions pour acquérir les ressources nécessaires et faire des ateliers au sujet de la confection de purin de prêle, et de thés de compost pour la protection contre la rouille de l’origan et la confection de savon insecticide maison et de la terre diatomée contre les thrips et la mouche blanche qui sont les principaux insectes qui causent problème ici.
Débloquer les petites sommes nécessaires et trouver des ressources comme de la soude caustique, une mijoteuse, un mixer, de l’eau distillée, etc. ont certes été un défi dans un pays en développement, mais ça a aussi été amusant et on y est finalement parvenu.
Je me suis donc auto-formé en saponification et j’ai donné des ateliers sur les principes de l’agro-écologie et la fabrication maison de certains bio-pesticides simples qui ont été bien reçus.
J’ai été fort soulagé de voir aussi, dans nos journées d’activités, que toute l’équipe de l’UNEC, malgré leurs débats internes, donnent aux producteurs•trices un message sans équivoque sur les dangers des pesticides, l’importance de leur réduction, l’agriculture durable, la santé du sol, la protection des ressources hydriques, les besoins du marché international pour une production sans pesticides, etc.
Ce que j’espère qu’ils et elles pourront faire pour la suite des choses dans leur lente évolution vers l’agroécologie sont des essais comparatifs, avec témoin, des différents intrants que je leur ai proposés en comparaison avec les intrants chimiques. Mon séjour était trop court pour mettre en place des expérimentations et des parcelles démonstratives, j’ai essayé de faire les contacts et j’ai encouragé certains des techniciens à mettre en place des essais et nous avons fait quelques applications initiales. J’espère que les intrants agro-écologiques montreront une efficacité adéquate et que ça pourra convaincre et rassurer les producteurs•trices de se départir des intrants chimiques!
Cependant elle vit des défis aujourd’hui liés aux contexte de changements climatiques, à la présence accrue d’insectes et de maladies et l’imprévisibilité du climat. Les petits producteurs•trices, dans un désir de protéger leurs cultures, vont souvent appliquer les pesticides auxquels ils ont accès ou qu’ils achètent pour d’autres cultures, mais ceux-ci sont parfois interdits en Europe et les actes des uns compromettent la capacité de mise en marché de l’ensemble. En 2024, les clients de l’UNEQ commencent maintenant à demander des produits propres, exempts de traces de pesticides interdits et même biologiques.
C’est dans ce contexte que l’UNEC a entrepris un processus de transformation interne et d’éducation de ses producteurs•trices pour cheminer vers une « production propre » dans un premier temps; et je l’espère, éventuellement vers une production biologique. Les client Européens sont clairs, ils veulent une production exempte de pesticides interdits et le bio pourrait même ouvrir de nouveaux marchés comme en Allemagne et offrir de meilleurs prix…
Mon rôle à moi dans tout ça était de venir, bien que pour un très court laps de temps, partager mes expériences et les aider à monter un petit arsenal de pratiques et de produit bio qui pourraient les aider à réduire et éventuellement arrêter (on l’espère) l’utilisation de pesticides chimiques dans leur production d’origan et la diversification future de leurs cultures (thym, curcuma, piments forts, etc.)
J’ai eu la chance, bien que ce fut exigeant à cause de la langue, de participer à 3 jours de réflexions stratégiques et de réunions dans l’organisation et l’équipe technique au début de mon séjour. Ça m’a un peu découragé pour être honnête, parce qu’au terme de longs débats, les objectifs que l’équipe a choisi de se donner m’apparaissaient à moi, bien peu ambitieux : « une production propre d’ici deux ans » … on reste loin du bio.
Pendant les 2 premières semaines, les chose ont piétiné pas mal aussi. Imaginez-vous que de trouver du Trounce, du savon insecticide, des acariens prédateurs, du souffre micro-fin, du Kocide, etc. c’est vraiment pas évident en Bolivie…
Mon état de santé m’a donné du trouble aussi : j’ai attrapé une solide grippe et une diarrhée pendant la première semaine, en plus de ma réaction aux médicaments contre la malaria qui m’empêchaient de dormir…
L’organisation qui m’accueille comme bénévole pour un mois s’appelle l’UNEC (Unidad de Negocios de Especias y Condimentes). Il s’agit d’une entreprise à caractère social qui a été fondée par 6 coopératives de producteurs agricoles boliviens avec l’aide de l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI).
Le projet alors était littéralement de mettre en place une nouvelle industrie agricole, la production et l’exportation de l’origan, en Bolivie. Après une quinzaine d’années de mise en place et d’appui, l’UNEC est maintenant une entreprise qui vole de ses propres ailes et qui soutient plus de 1200 familles de producteurs•trices agricoles à petite échelle, dans 4 département et plusieurs municipalités, en leur fournissant des plantes, du soutien technique, des assurances, un prix fixe, un paiement rapide, des intrants, le nettoyage, le traitement, l’emballage et tout le service de commercialisation à l’international. Les profits réalisés par l’UNEC sont réinvestis dans les coopératives qui en sont propriétaires.
L’UNEC est un bel exemple de réussite, ils ont vraiment réussi à mettre en place les processus et les normes de qualités pour avoir un produit qui se démarque au niveau mondial pour sa qualité en termes de couleur, de contenu en huiles essentielles, et pour aller chercher un meilleur prix.
Pas tout à fait la même chose vous direz… mais en discutant avec ma conjointe, la possibilité de partir de 1 à 2 mois en hiver, en ayant des contacts dans notre destination et une « raison » d’y aller nous a semblé intéressante. En plus c’est plus facile de justifier de sortir les enfants de l’école pour 5 semaines quand on s’en va dans un « projet de coopération » que quand on veut « aller chiller sur la beach » ;-) En étant coopérant bénévole, aussi, c’est sûr qu’on doit travailler bénévolement, mais au moins les dépenses du coopérant sont payées, ce qui aide au niveau financier à la réalisation du projet pour la famille.
Donc de fil en aiguille, l’idée à évoluée, j’en ai jasé avec l’UPA DI et, comme je connaissais l’espagnol, on nous a éventuellement proposé un projet en agriculture bio en Bolivie. Dana et moi avons eu le goût de cette aventure!
Au début, les enfants avaient peur de manquer de l’école, de s’ennuyer de leurs amis, de la malaria, des serpents et de bien de choses, mais après quelques conversations au souper et quelques lectures, tout le monde est devenu excité de notre projet familial.
Il y a eu quelques petits soucis administratifs, de formation, de grève des écoles, et de préparation et d’achats de billets faits pas mal à la dernière minute, mais on a finalement fait nos bagages et on est parti le 25 février pour Sucre, capitale historique de la Bolivie!
L’an dernier j’ai lu deux livres qui m’avaient été recommandés d’entrepreneurs du web, qui m’ont fait rêver (« The 4h Work Week », et « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études »).
Imaginez, deux célibataires qui ont un blogue, un podcast ou une autre business en ligne, qui travaillent 4 ou 10 heures par semaine et qui ont tous les fonds nécessaires pour voyager à travers le monde, faire ce qu’ils veulent, apprendre des langues, de nouveaux sports ou hobbys, rencontrer des gens, etc. Ça ne vous fait pas rêver vous aussi?
Ces lectures ont confirmé le désir que j’avais de recommencer à voyager et de vivres de nouvelles expériences, mais ma situation étant que j’ai une ferme (collective une chance!), que je suis marié et que j’ai 4 enfants; c’est sûr que l’idée de partir avec un billet de dernière minute pour Bangkok pour aller apprendre le thaï, faire de la moto et peut-être trouver un endroit pour apprendre le kite-surfing n’est pas tout à fait réaliste…
En parallèle, dans des rencontres fermière et coopératives, j’avais jasé avec Frédéric Turgeon-Savard, de la Ferme coop la Roquette qui m’avait parlé de son expérience de coopération bénévole au Bénin et qui m’avait dit que l’UPA Développement International (UPA DI) était toujours à la recherche de coopérants bénévoles.
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